Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dame Quelin[1], qui eut l’honneur d’avoir sa part aux embrassements du Roi, à bien examiner tous les traits, étoient plus belles que madame la Princesse, mais que madame la Princesse avoit tout une autre grâce.

Quand M. le Prince fut arrêté, il fallut par bienséance demander à entrer en prison avec lui ; sans cela peut-être n’eussent-ils point eu d’enfants, car madame de Longueville et M. le Prince[2] y sont nés, et avant cela le mari et la femme n’étoient pas trop bien ensemble. Au sortir de là elle fit galanterie avec le cardinal de La Valette, qui y dépensoit si bien son argent que quand il est mort il avoit mangé son revenu jusqu’en l’an 1650.

Il mourut, je pense, en 1640. Une fois il lui en coûta deux mille écus pour une poupée, la chambre, le lit, tous les meubles, le déshabillé, la toilette et bien des habits à changer, pour mademoiselle de Bourbon, depuis duchesse de Longueville, encore enfant.

Le cardinal de La Valette étoit un galant homme, mais fort laid. Pompeo Frangipani[3], seigneur ro-

  1. Madame Quelin eut depuis pour galant un maître des comptes qu’on appeloit Nicolas. Il se rencontra en ce temps-là que M. Quelin, conseiller de la grand’chambre, son mari, rapporta un procès pour un nommé Nicolas Fouquelin. Le président de Harlay, qui aimoit à rire, fut ravi de cette rencontre, et pour se divertir, toutes les fois qu’il pouvoit faire venir cela à propos, il faisoit redire le fait à ce bonhomme, afin d’avoir le plaisir de lui entendre dire Nicolas Fouquelin. Quelin, conseiller à la grand’chambre, dit qu’il est fils de Henri IV. Il est vrai qu’il fait assez de tyrannies aux marchands de bois de l’île Notre-Dame pour n’être pas fils d’un particulier : mais il n’a que cela de royal. (T.)
  2. Le grand Condé.
  3. Il dit, voyant qu’on faisoit le marquis de Thémines maréchal de