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FORMATION ET CARACTÈRES DU NOUVEL ÉTAT

où tout le monde se trouvera bien. — Or, au-dessous d’eux, tout le monde se trouve mal, la bourgeoisie dans ses petits logements étriqués à l’entresol, le peuple dans ses taudis du rez-de-chaussée, qui est humide et bas, dans ses tanières du sous-sol, où la lumière n’arrive pas et où l’air manque. Quantité de vagabonds et de rôdeurs sont encore plus mal ; car, n’ayant ni toit ni foyer, ils couchent à la belle étoile, et, comme ils n’ont rien à ménager, ils sont disposés à tout abattre. — Sous la double poussée de l’émeute et de la théorie, l’effondrement commence, et la fureur de démolir va croissant, jusqu’à ce que, de l’édifice rasé, il ne subsiste que l’emplacement nu.

Sur ce terrain aplani s’élève le nouvel édifice, et, par son histoire comme par sa structure, il diffère de tous les autres. — En moins de dix ans, il sort de terre, se dresse et s’achève, d’après un plan qui, dès le premier jour, est définitif et complet. C’est un corps de logis unique, monumental, énorme, où tous les services sont rassemblés sous le même toit : outre les services généraux et nationaux qui appartiennent à la puissance publique, on y trouve aussi les autres, locaux et spéciaux, qui ne lui appartiennent pas, cultes, éducation, bienfaisance, beaux-arts, littérature, affaires départementales et communales, chacun d’eux installé dans un département distinct. Tous les compartiments sont disposés et distribués de même ; ils font cercle autour du magnifique appartement central, et chacun d’eux y aboutit par une sonnette ; sitôt que la sonnette tinte, le