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L’ÉGLISE


d’une grande Église, « ses collègues et ses coévêques[1] », successeurs des apôtres au même titre que lui, membres « du même ordre » et marqués « du même caractère », quatre-vingt-cinq titulaires légitimes[2], bien mieux et de son propre aveu, irréprochables, méritants, persécutés parce qu’ils lui avaient obéi, bannis de France pour n’avoir pas voulu sortir de l’Église romaine. À tous, il avait commandé de se démettre ; aux treize qui refusaient de se démettre, il avait retiré leurs pouvoirs apostoliques ; à tous, même aux refusants, il avait donné des successeurs. À tous les titulaires nouveaux il assignait des diocèses de nouvelle fabrique, et, pour justifier tant de nouveautés si graves[3], il n’alléguait d’autres raisons que les circonstances, les exigences du pouvoir laïque, et le bien de l’Église. Après cela, les gallicans eux-mêmes, à moins de faire schisme et de se séparer pour toujours du saint-siège, étaient obligés de reconnaître au pape, par delà les pouvoirs

  1. Bossuet, Œuvres complètes, XXXII, 615 (Defensio declarationis cleri gallicani, lib. VIII, caput 14). « Episcopos, licet papæ divino jure subditos, ejusdem esse ordinis, ejusdem caructeris, sive, ut loquitur Hieronymus, ejusdem meriti, ejusdem sacerdotii, collegasque et coepiscopos appellari constat, scitumque illud Bernardi ad Eugenium papam ; Non es dominus episcoporum, sed unus ex illis. »
  2. Comte Boulay de la Meurthe, les Négociations du Concordat, 35. — Sur 135 diocèses, 50 étaient vacants par la mort du titulaire.
  3. Bercastel et Henrion, XIII, 43 (Observations de l’abbé Émery sur le Concordat), « Les papes qui ont porté le plus loin leur autorité, et, en général, tous les papes, n’ont point fait dans la suite des siècles des coups d’autorité aussi grands, aussi importants que ceux qui ont été faits en un moment par Pie VII. »