Genievre, femme au roy Artu,
Laquelle fut dame et royne,
Lancelot du Lac sans ruyne ( ?)
Jadis furent de ses eslus.
Se tu ne scez ceste couvine,
Les povoirs d’amors n’as pas lus.
Pluto, le dieu d’Enfer en fu
Picquié de l’amoureuse espine
Jadis quant en flambe et en fu
Porta s’amie Proserpine,
Et qu’il luy bailla la saisine
De tous les infernaulx pallus.
Tu n’ez qu’un asne qui busine !
Les povoirs d’amors n’as pas lus.
Et, au demourant, que veulz tu
Que plus je te die en plevine ?
Ne furent pas aussy vestu
De ceste peau — or l’adevine —
Tristran et Yseut la meschine,
Ovide et Sardinapalus ?
A ce que je voy en ton signe,
Les povoirs d’amors n’as pas lus.
Prince, pour savoir la doctrine
De Cupido et de Venus,
Va a l’escolle, tost, chemine !
Les povoirs d’amors n’as pas lus.
Maint one esté d’amours honnis.
Ÿo en vache fut müee,
Et d’amer moru Adonis
Ou geron de Venus l’amee.
Pasiphe en fut mal renommee.
Et pourtant donc que mainte gent
Ont receut mainte laide fronche
Par amours en bon essient,
Sy prens congié et s’y renonce.
Amours, encore je le dis,
A fait mainte layde assemblee.
Venus de Vulcanus jadis
En fut aveucques Mars trouvee,
Dont elle fut fort reprouvee,
Pour ce que le fait n’estoit gent.
Et puis que ces fais cy m’anonce
Paine d’amer, incontinent
Sy prens congié et s’y renonce.
Plus d’amours ne de ses delis
Ne veul. Ma leesse est finee.
Je ne quiers que repos de lis,
Et dormir longue matinee.
Ma char a esté matinee
Assés d’amours en mon jouvent,
Et pourtant qu’au marc et a l’once
Ses denrees trop chier me vent,
Sy prens congié et s’y renonce.
Prince, je suis, quant a present,
Aussy amoureux q’une ronce,
Dont, pour estre d’amer exempt,
Sy prens congié et s’y renonce.
Prince, de degré en degré,
Quel temps qu’il face, froit ou chault,
Pour vo plaisir, prenez en gre
Le Congié d’amours de Michault.