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À côté de quelque sujets que ses tableaux soient placés, ils intéressent toujours ; ils charment le connoisseur, attachent celui qui ne l’est pas ; et l’âme exaltée par la peinture des grandes actions des hommes, agitée, troublée par l’image des situations extraordinaires de la vie, se délasse en voyant le rire naturel, le bonheur aisé de ses bons paysans Flamands. On dit que Louis XIV les chassa de sa Cour ; cela peut être, et ne prouve rien contre le peintre naïf, ni contre le fier monarque : n’ayant jamais sous les yeux que les formes des courtisans, il pouvoit croire que la nature n’en avoit pas fait d’autres.

Quoique ses paysages soient inférieurs à ses tableaux de figures, quoique les sites en soient ordinaires et trop souvent les mêmes, ils sont fort estimés des amateurs, comme tout ce qui vient de Teniers. La plupart représentent des hameaux de Flandre. Sans avoir une imitation parfaite de la nature, ils ont de la vérité et un ensemble agréable qui inspire la joie, qui inspire une douce philosophie ; sans élévation, ils ont de la poésie ; ils amusent, ils touchent, ils présentent le calme et la félicité des campagnes, et ils sont bien faits pour être la demeure des joyeux pay-