Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

convenir, en admirant les amours répandus avec profusion dans ses ouvrages, on ne retrouve point en eux la piquante perfidie de ces enfans célestes et cruels qui déchirent par des caresses, dont le sourire enchanteur fait verser tant de larmes ; ce sont des enfans ordinaires, aimables, fortunés, et dont la joie et la santé sont la volupté de leur mère. Il a mieux rendu la douceur religieuse des anges, mais il n’a pu saisir la divinité de leurs grâces. Ses vierges ont une amabilité trop mondaine ; ses Vénus ne sont guère que jolies ; ses nymphes charmantes ne sont point les jeunes déités, qui, réunissant la beauté des mortelles et celle des déesses, faisoient envier le séjour de la terre aux plus puissans dieux de l’Olympe.

L’Albane a peint de grands tableaux d’église, dans lesquels il y a de fort belles choses : mais ils ont moins et méritent moins de célébrité que ses petits tableaux, où son originalité est bien plus frappante. On peut dire même qu’il approche d’autant plus de la perfection, qu’il les a faits plus petits : cela peut se prouver par les deux, si connus, qui sont au Musée Napoléon, dont l’un représente Apollon et Daphné et l’autre Salmacis et Her-