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tier, ce vénérable mort étendu sur la paille, glacent le cœur d’un saint effroi, et jettent l’esprit dans les réflexions les plus profondes.

Ses sujets ne sont pas toujours ceux de l’Histoire de la Religion Catholique ; et il a prouvé, dans sa Galerie de l’Hôtel Lambert, que son génie pouvoit prendre tous les tons. Là, il a su conserver aux Nymphes, aux Amours, à toutes les divinités de la fable, le caractère antique qui leur est propre, et il leur a donné la vérité poétique, consacrée par l’imagination depuis tant de siècles. Ses Muses ont à la fois la physionomie de l’esprit, de la science, celle de la pudeur virginale, et tout le charme de leur sexe, assemblage si rare chez les mortelles.

Comme les tableaux du Poussin, ceux de le Sueur, inspirent la vertu, ils inspirent aussi une attachante mélancolie ; soit qu’elle se trouve réellement imprimée dans tout ce qu’il a fait, soit qu’elle vienne d’un sentiment de tristesse qu’on éprouve, lorsqu’on se souvient qu’il mourut à trente-huit ans, et qu’on pense qu’un artiste déjà si grand, pouvoit le devenir davantage encore, si la mort ne l’eût frappé si jeune.

Son âme devoit ressembler beaucoup à