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porté en Angleterre par la révolution ; on sait qu’il réunit à un très-beau dessin, la plus belle couleur, et les plus touchantes expressions.

Une réflexion se présente ici tout naturellement. Les circonstances n’ont-elles pas souvent déterminé une espèce de genre pour lequel on croit un homme uniquement né, qui se seroit également distingué dans un autre ? Annibal Carrache a fait un ouvrage si accompli de sa Galerie du palais Farnèse ; il a si bien senti les beautés convenables à un pareil travail ; ce travail est si vaste, il a tant d’originalité, tant de réputation, qu’on est bien tenté de croire que cet artiste étoit précisément fait pour ce genre, et qu’il n’eût pas eu le même succès dans un autre. Sans doute, il étoit bien organisé pour cette espèce de peinture ; mais si les circonstances lui eussent présenté d’autres occasions, auroit-il produit des ouvrages aussi célèbres ? Voilà la question, voilà le doute ; et le doute est permis lorsqu’on a vu le beau tableau des Trois Maries, dont je viens de parler. Supposé donc que le Carrache n’eût pas eu à peindre la Galerie Farnèse, qu’au contraire, il eût eu l’occasion de faire une suite de petits tableaux du genre de celui des Trois Maries, ne se représente-