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dispositions étonnantes de Greuze, encore enfant. Il avoit alors huit ans, et loin de faire ce que son père vouloit, il dessinoit avec de la craie ou du charbon, tout ce qu’il voyoit. Grandon, témoin d’une scène très-vive à ce sujet, entre le père et le fils, obtint la permission de s’attacher le jeune Greuze comme élève ; il le conduisit à Lyon, où il ne cessa jamais de lui prodiguer les plus tendres soins. Grandon étoit père de madame Grétry, et a laissé plusieurs portraits estimés.

Arrivé à Paris, Greuze n’a été précisément élève d’aucun maître ; il alloit chez différens peintres porter ses ouvrages et recevoir des avis. Il n’a point gagné de médaille, et il étoit même fort mal appelé pour l’étude du modèle, lorsqu’il fut agréé de l’Académie de Peinture, sur son Tableau de l’Aveugle trompé. Ses ouvrages exposés au Salon y eurent un succès prodigieux ; leur mérite et la nouveauté de leur genre les mirent d’abord fort à la mode.

Greuze alla en Italie avec l’abbé Gougenot. À son retour, il chercha à mettre plus de vigueur dans sa couleur, et un plus grand caractère dans son dessin. Cette tentative ne fit qu’altérer sa naïve originalité, et ne lui