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CLAUDE GELÉE,
DIT LE LORRAIN.


Dans sa jeunesse, ses parens l’envoyèrent à l’école ; comme il n’y pouvoit rien apprendre, ils le mirent en apprentissage chez un pâtissier ; il y acheva son temps, mais sans avoir beaucoup profité. « Ne sachant que faire, il se mêla parmi des gens de sa profession qui alloient à Rome, pour tâcher, comme eux, de gagner sa vie. Et comme il ne savoit pas la langue, et qu’il étoit fort grossier, ne pouvant trouver de pratique, il se mit, par hasard, au service d’Augustin Tasse, pour lui broyer ses couleurs, nettoyer sa palette et ses pinceaux, panser son cheval, faire sa petite cuisine, et les autres choses nécessaires au service du ménage, car Augustin n’avoit que lui dans sa maison. Ce maître, dans l’espérance de tirer de son valet quelque service dans les plus gros