Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PIETRE DE CORTONE.


Voltaire nomme Chaulieu le premier des poëtes négligés ; on pourroit nommer le Cortone le premier des peintres négligés ; avec cette différence, que Chaulieu ne l’est pas également ; que s’il a fait des choses foibles et communes, il en a fait d’autres pleines de beautés du premier ordre : sa négligence vient du défaut de soin et de travail ; celle du Cortone a une unité parfaite, et toutes les parties de ses ouvrages ont le même caractère. Il travaille d’après des principes trop relâchés, mais il les suit exactement. Sa manière, facile et séductrice, eut de grands succès en Italie ; elle influa prodigieusement sur le goût de la peinture dans toute l’Europe.

Les lignes brisées, employées d’abord par l’Albane et par le Corrège, l’ont été bien davantage par le Cortone : les premiers s’en servirent par l’instinct des grâces ; leur successeur les a exagérées, les a prodiguées partout, et peut-être par combinaison autant que par sentiment : il a beaucoup abusé