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bens pouvoit imiter la nature avec beaucoup de vérité et d’énergie, et avec la grandeur qui convenoit à ses sujets.

Ce n’est pas seulement parce qu’il s’est heureusement servi de l’allégorie qu’il a prouvé qu’il étoit grand poëte ; c’est parce qu’il l’a été dans tous ses ouvrages par la manière avec laquelle il a présenté la nature. Quelle production admirable que sa Descente de Croix ! que de force et d’éclat de couleur ! que de mouvement, d’expression et d’énergie dans toutes les figures ! mais quelle beauté surtout, et quelle sublime dignité dans celle du Christ ! S’il n’a pas toujours donné un extrême fini à ses tableaux, la brûlante facilité avec laquelle ils sont exécutés leur imprime un mouvement qui dédommage bien de ce qui peut y manquer ; on eût craint même qu’en les finissant davantage, il leur eût fait perdre une partie de ce feu divin qui en fait le premier mérite, et l’un des principaux caractères distinctifs. Aucun peintre n’a porté l’expression à un plus haut degré que lui ; ses draperies ne sont pas toujours d’un bon choix, jamais dans le style de l’antique ; mais elles sont toujours agencées d’une manière large, riche, prise dans la nature, et