Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs parties, et que les figures ont de la vie et du mouvement. Nous avons admiré longtemps au Luxembourg, et nous admirons encore au Musée Napoléon, le tableau des Vendeurs Chassés du Temple ; sur cet ouvrage seul, un des plus beaux que Jordaens ait peints, on peut bien apprécier l’espèce et le degré de son talent. Que de beautés dans le coloris ! on n’en sauroit faire trop d’éloges ; on ne sauroit trop vanter la vigoureuse vérité d’effet et de mouvement qu’il a mise dans les marchands, dans les animaux ensemble mêlés, culbutés, chassés par le Pouvoir Divin : mais aussi combien paroissent impuissans les efforts qu’il a faits pour donner de la dignité et de la noblesse au Christ. Cette seule figure prouve combien il sentoit peu ce qu’on voit bien qu’il a cherché.

M. de Piles a dit qu’il ne lui manquoit que d’avoir vu l’Italie ; lieux communs qu’on répète sans cesse, et qui rappellent ces remèdes qu’on ordonne pour toutes les maladies. Sans doute l’Italie auroit pu donner une meilleure forme à son dessin, mais elle n’auroit pas donné plus d’élévation et de noblesse à son génie ; elle l’auroit, peut-être, écarté davantage encore du genre pour lequel il étoit né :