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ses groupes de fruits, ses bouquets s’y arrondissent très-bien, et la dégradation de la lumière y est exactement observée. On doit convenir cependant que sa supériorité est bien plus dans le fini des détails que dans la disposition de l’ensemble, quoique pour cette partie même il puisse encore donner d’excellentes leçons. Peut-être a-t-il trop souvent peint de petites branches, qui, en donnant de la légèreté à ses masses, en interrompent un peu l’effet. Il y a apparence que l’outremer, et des jaunes tirés des végétaux, lui ont servi à faire ses verts, qui sont devenus bleus ; cela est d’autant plus remarquable, que ses autres couleurs se sont conservées très-brillantes.

Un des inconvéniens du genre des fleurs, c’est qu’il ne souffre point de médiocrité, et qu’il faut y être presque parfait pour y acquérir de la gloire : ce qui fait aussi sa grande difficulté, est l’extrême fini qu’on y exige, malgré les obstacles qui s’y opposent. Le premier est le mouvement continuel des fleurs ; beautés mobiles et fugitives, elles s’agitent sans cesse pour arriver à la perfection de leurs formes ; à peine y sont-elles parvenues, qu’elles vont avec rapidité à leur destruc-