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des succès ; ils ne conviennent guère cependant pour peindre l’intérieur des palais, où le plus beau jour doit éclairer les richesses et la pompe ; mais ils donnent surtout des tons de couleur et des effets absolument faux, lorsqu’on les emploie pour représenter des sujets en plein air : n’est-il pas ridicule de montrer dans une campagne la lumière d’un caveau sur le devant, et la clarté des cieux dans le fond ; ou, pour avoir une harmonie vigoureuse, de faire un ciel qu’on n’a jamais vu ni le jour ni la nuit, et qui semble éclairé par les rayons poétiquement funestes d’un météore d’Ossian ?

Le Guerchin a fait quelquefois des tableaux d’une couleur fraîche, d’un ton argentin et agréable ; mais ce n’est pas sa teinte ordinaire, ce n’est pas celle qui le caractérise : on peut dire même que ses plus beaux tableaux sont dans le ton noir, violet, qui semble lui être plus naturel. Avec ce coloris sombre, son sentiment étoit plus à son aise et s’exprimoit avec plus de verve : il ne faut, pour s’en convaincre, que jeter les yeux sur ses ouvrages les plus connus, et particulièrement sur le Martyre de Saint Pierre, une de ses plus belles productions, une de celles où