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avec lui : l’un a plus de feu, l’autre plus de noblesse. Les portraits de Van Dyck plaisent peut-être davantage, ceux du Titien sont bien plus imposans ; sans compter les parties de la peinture qui y sont si justement admirées, ils ont une grandeur de caractère qui leur est particulière, et que les personnages d’après lesquels ils ont été faits ont beaucoup contribué à leur donner : la plupart représentent des hommes puissans, ou célèbres par leur génie ; ceux qui ont l’habitude de commander contractent nécessairement un air de supériorité : l’habitude d’une dignité qui place un citoyen au-dessus des autres, donne toujours à ses traits une sorte d’élévation indépendamment de leur forme. L’homme de génie dont la tête est sans cesse remplie, échauffée, ennoblie par des grandes idées, de qui les occupations ont toujours pour but l’immortalité de son nom, doit porter sur son visage et sur toute sa personne l’habitude de l’exaltation ; en peignant de pareils modèles, l’artiste est exalté lui-même ; et ce qu’il imite et ce qu’il sent doivent donner à ses ouvrages un caractère plus élevé que s’il ne peignoit que des hommes ordinaires.

Sans parler de Charles-Quint, qui le com-