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dessin a de l’esprit, du charme et du mouvement ; cependant les formes n’en sont pas d’un bon choix, ni d’une grande vérité.

Ses draperies sont agencées avec beaucoup de goût et d’une façon originale ; elles ont toujours de l’abondance, de la souplesse et de la grâce. Sa manière de peindre est très-facile et très-agréable. Dans les sujets graves, ses pensées ont peu de justesse et de grandeur ; filles de l’imagination, ce sont d’aimables folles qui plaisent lorsqu’elles déraisonnent. Ses compositions faciles ont je ne sais quoi de mystérieux qui leur donne un air d’enchantement qui irrite la curiosité, et fait un de leurs caractères particuliers.

La clarté sans doute est absolument nécessaire dans l’éloquence, dans la poésie ; sans elle on ne produit aucun effet, on ne peut même être lu : dans la peinture elle est nécessaire aussi, pour rendre un fait historique avec exactitude, pour toucher, pour s’élever jusqu’au sublime ; mais on peut plaire sans elle ; et ce qui ne plaît pas à l’esprit, quelquefois peut charmer les yeux ; l’esprit même est piqué par l’envie de deviner ce qu’il ne comprend pas ; tout ne lui paroît pas également obscur, et ce qu’il entend lui fait faire des