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mière ; mais qui auroit rendu avec autant de précision que lui ces traits fins, nobles, délicats qui nous font voir précisément un Italien, homme de qualité, et plein d’esprit, de feu et d’érudition.

Ce qui le caractérise encore est l’air de facilité de toutes ses conceptions ; la justesse de ses idées ne paroît point tenir à de longues combinaisons, et elles sont d’autant plus étonnantes qu’elles semblent produites par un mouvement spontané. Ses draperies sont larges, naturelles, elles ne sentent ni le mannequin ni même le modèle posé ; elles se meuvent, elles marchent, elles volent comme ses figures. C’est principalement par de beaux caractères de tête que Raphaël surpasse ses rivaux ; le seul Michel-Ange lui dispute quelquefois cette palme ; ce sont ces caractères divins des têtes de Raphaël qui excitent surtout l’enthousiasme dans ses tableaux ; ils ne sont point une imitation des formes de la sculpture des anciens ; ils sont toujours neufs, grands, vrais et variés en même temps. Ses expressions sont nobles, justes autant qu’énergiques : j’en prends à témoin ces magnifiques tapisseries, apportées d’Italie depuis la révolution, et suspendues, pendant un certain temps, aux murs