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étoient bien exagérés, ou elle a perdu ce charme de coloris tant célébré par Vasari, ou l’art a gagné beaucoup depuis pour la vérité, pour la fraîcheur et la richesse de la couleur.

On ne peut disconvenir, cependant, que ce ne soit un ouvrage admirable, dans tout ce qui a du rapport au dessin ; il étonne surtout par le fini extraordinaire de la dégradation de la lumière : la tête, pleine de vie, a de la beauté et une expression qui entraîne ; les mains sont d’une beauté parfaite ; ni Raphaël, ni tous les modernes, ni les statues antiques n’offrent des mains d’un choix plus heureux de forme. Son tableau de la Cène est la plus puissante preuve de la délicatesse et de la grandeur de son sentiment : c’est le plus renommé de ses ouvrages, celui qui donne une plus juste idée de ce que son génie sentoit, et de ce qu’il pouvoit exécuter ; là, on trouve toujours la vérité unie à la beauté, les expressions les plus justes et les plus fortes ; là, on est saisi par le sublime de l’ensemble et par celui des détails : les personnages sont assis, à table, presque sur la même ligne, et la composition a du mouvement et de la variété. Il a choisi l’instant où Jésus-