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très-fortes pour en devenir possesseurs. Leur sort est bien différent de celui de ces tableaux, froides images d’aïeux sans postérité, qui, arrachés des murs antiques, où longtemps on encensa leur noblesse, viennent porter leur costume gothique sur nos quais ; où, tristes jouets de la pluie et des vents, ils meurent bien souvent sans trouver un acheteur, à quelque bas prix qu’ils se mettent.

Dans les ventes, on est étonné de l’immense différence des sommes que donnent les amateurs pour les portraits de Van Dyck, à celles dont on paye la plupart des ouvrages des autres peintres de portraits, particulièrement ceux de Rigaud. Il semble que la différence de talent ne soit pas en proportion de l’argent avec lequel on les achète : cherchons quelles en peuvent être les causes : deux des principales sont la supériorité de la couleur de l’un sur celle de l’autre, et la supériorité de l’entente du clair-obscur. Les têtes de Rigaud sont environnées d’accessoires si brillans, qu’elles ne frappent pas assez : ses calculs mêmes ne sont pas justes dans sa manière de finir les détails, et leurs parties principales n’ont pas l’empire qu’elles devroient avoir. Dans les portraits de Van Dyck tout