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cher du soleil, pour regagner leurs paisibles hameaux ; les bergers, les bergères, leurs chiens prennent part à la joie des brebis bêlantes ; il a répandu sur ces petites caravanes tout l’intérêt que l’esprit peut donner.

Ses gravures à l’eau-forte sont très estimées ; ce sont des études d’animaux dessinées d’après nature, et gravées par lui-même : pleines de finesse et de feu, elles ont plus de vérité que ses autres productions.

On pourroit comparer Berghem au Guarini, qui, malgré tout ce qu’on lui reproche, fait les délices des gens de lettres de toutes les nations. Sans doute le luxe affecté de l’esprit est un défaut ; mais lorsque cet esprit est bien neuf, bien piquant, on ne peut se dispenser d’en pardonner la prodigalité ; on ne peut même s’empêcher d’aimer ceux qui ne peuvent s’empêcher de l’avoir. Quelque reproches qu’on puisse faire aux ouvrages de Berghem, ils réunissent tant de parties qu’on est forcé de lui donner parmi les grands peintres une place très-distinguée.