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toutes les collections où ses tableaux sont placés, ils jouent toujours un très-beau rôle : il y en avoit un aux Dominicains d’Anvers, que Rubens appeloit son maître ; et Giordano ne manquoit pas d’en copier lorsqu’il en trouvoit l’occasion. On en conserve plusieurs au Musée Napoléon : le plus fameux est celui du Christ porté au tombeau, conquis par nos armes triomphantes, et qui étoit regardé comme un des excellens tableaux de Rome : on ne peut, en effet, porter plus loin la vigueur du coloris et l’exacte imitation de la saillie de la nature : il sert même à prouver que la nature commune, énergiquement imitée, a toujours un aspect imposant et une sorte de grandeur. Quelque part que soit cet ouvrage, il attirera toujours l’admiration, et soutiendra toujours la célébrité qu’il avoit en Italie, et qu’il a conservée en France. Sans contredit, le Caravage manquoit de beaucoup de parties de la peinture, mais il en possédoit plusieurs principales à un si haut degré, que la postérité lui a donné une place très-distinguée parmi les peintres les plus renommés : elle est d’autant plus méritée, qu’aux beautés qui étonnent dans ses ouvrages, se trouve réunie l’originalité la plus fortement décidée.