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déjà plus assombri, le couchant mêle aux pourpres défaillantes les teintes obscures de la mort et de l’hiver. Qu’importe ! L’œuvre collective subsiste, l’honneur d’avoir, dans les matins fervents de la jeunesse, combattu en féaux écuyers du souverain poète, du maître que nous aimâmes, du pauvre et doux Lélian. Que le soleil s’amortisse ! Que la nuit confonde mer et ciel ! La nef que pavoisa, jadis, notre Espérance et qu’illuminé, à présent, la lueur mélancolique du souvenir, à travers les embruns, les vagues et les rochers astucieux, accomplira sa traversée, emportant les jeunes hommes qui, tels autrefois leurs aînés, s’embarqueront aux lueurs des favorables étoiles, pour la seule découverte qui vaille qu’on l’estime, pour la conquête du rythme, de la paix intérieure, de l’Éloquence et de la Beauté.