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sensuelle, petit plaisir lentement savouré et, partout, cette « douceur de vivre » que Talleyrand ne pouvait, au déclin de ses jours, évoquer sans émoi. Les mandolines jasent. Tout ce monde va, rit, chante et danse, baigné par de


.......molles ombres bleues,
Un calme clair de lune triste et beau
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.


Les Fêtes galantes s’achèvent sur une page douloureuse, sur une élégie auprès de quoi les prosopopées de Lamartine sont fades, et grossières les apostrophes de Musset. Au milieu des rires, des chants, des propos fades, une haleine funéraire passe et touche les couples énamourés. Le cor de la chasse fantastique sonne dans la forêt prochaine, comme dans le ravin d’Atta-TroIl. Sous les jupes à paniers et la poudre blanche à la maréchale gambade le squelette, ricane la tête de mort. Oublier n’est pas mourir !