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La musique a popularisé la plupart de ces morceaux. Fauré, Debussy les ont chacun interprétés à leur manière. Mais avaient-ils besoin d’être enchâssés dans une musique, pour belle qu’on la suppose, les purs diamants du poète vénéré ?

Cette intrusion de la musique dans les vers des poètes fait songer au mot connu de Renan, à qui le bon Marcel Legay, chansonnier de Montmartre et du Quartier Latin, offrait un morceau de la Vie de Jésus qu’il venait de mettre en musique :


Ah ! mon enfant, comme vous êtes bon d’avoir songé à cette bagatelle et comme je vous remercie ! Et pourtant, voyez jusqu’où va l’erreur humaine. Vous avez mis mes phrases en musique. Hélas ! je croyais l’avoir fait moi-même.


Et c’est le défilé des belles inhumaines, des Tyrcis, des Pierrots et des Léandres, des bergers de Florian et des masques italiens, tels que l’on en voit sur les panneaux de vernis Martin, menant « un troupeau poudré » ou bien prenant des poses chantournées aux pieds de Cydalise ou de Manon Lescaut. Frivolité