Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souci d’art, ce qui nous frappa tout d’abord quand Sagesse vint à nous.

Les Fêtes galantes, qui marquent la transition du faire parnassien à la méthode qu’adopta Verlaine, quand, dégagé de toute influence étrangère, il se rendit maître de sa pensée et de son instrument, les Fêtes galantes témoignent d’un art conduit à cette perfection extrême qui semble naïve et naturelle chez les poètes comme Lélian ou La Fontaine. Mais Lélian a touché la grande harpe romantique. Il a respiré l’air d’Hugo, volé près du grand aigle, comme un cygne harmonieux qui, dans un chant sublime, porte jusqu’aux étoiles son amour et ses douleurs.

Les Fêtes galantes, dans un parc de Watteau, sous les charmilles de Louveciennes ou les ormes de Saint-Cloud, ne tentent point ces hauteurs. Elles transposent en vers d’une légèreté sans pareille tout ce que le XVIIIe siècle, frivole, pimpant et convenu, a laissé de pastels, de sanguines et de camaïeux : Fragonard, la Rosalba, les amours nus et gras du très fade Boucher.