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Elle rend « plus vagues et plus solubles dans l’air » ces pièces brèves, odelettes, romances sans paroles, que l’on dirait écrites pour la « musicienne du silence » dont parle Stéphane Mallarmé :


Une aube affaiblie
Verse dans les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s’oublie
Aux soleils couchants,
Et d’étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêve,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.


Cette prodigieuse virtuosité, ces tours de force que nul poète, de Ronsard à Banville, n’exécuta si aisément, n’étaient point, malgré nos préoccupations techniques et notre