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En effet, après bien des luttes, des risques, des échecs, des alternatives prospères ou néfastes, Alfred Naquet, au mois de mai 1886, rendait enfin au Code Civil cette Loi sur le Divorce, que, soixante-dix ans plus tôt, la Restauration avait effacée, à l’instigation des Ultras. Ce que la presse, le théâtre, l’opinion et l’évidence n’avaient pu faire, ce juste venait de le réaliser. Ferme dans sa raison et dans son vouloir, avec l’opiniâtreté qui lui venait de sa race et le courage qu’il prenait dans la conscience de son droit, il avait écarté les obstacles, mené jusqu’au bout son œuvre de civilisation. Au Parlement, son éloquence familière, sa dialectique nourrie et positive, ralliaient à la cause du divorce toutes les indécisions de bonne foi. Ses campagnes de presse, entre autres, la belle suite d’articles donnés par le Figaro, portaient la conviction dans les esprits que n’aveuglaient point des jugements préconçus. Par la plume, par le verbe, tant que dura cette discussion infinie, Alfred Naquet disputa contre ses adversaires, mit à néant leurs sophismes et triompha de leur courroux.