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Bibi-la-Purée, ex-séminariste et cireur de chaussures, échangeait des aperçus esthétiques ou autres avec le très noble comte Robert de Montesquiou, pasteur de chauves-souris en même temps que Mécène au rabais des littérateurs besogneux.

Parmi les individualités falotes qui s’agglutinaient à l’entourage de Verlaine, aux esthètes sans linge ainsi qu’aux biberons sans relâche assoiffés, un des types les plus cocasses fut, à coup sûr, Anatole Baju, auquel revient l’honneur d’avoir donné à ses amis et connaissances le nom de « Décadents ». — « Nous autres, gentilshommes du Moyen Age..., » disait un fantoche de l’ancien Bobino ou du Petit-Laze. — « Nous autres, décadents, » affirma Baju, que la lecture du batave Huysmans avait émerveillé. Claudien, peut-être, ne se croyait pas en décadence de Virgile, mais Anatole s’affirmait décadent tout court dans une plaquette bimensuelle et jaune-serin, où sa littérature foisonnait.

C’était, quant à lui, un petit homme, noir, mal bâti, l’air d’une figure en pain d’épices, vieillot en même temps qu’inachevé, la peau