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6 == PRÉFACE ET SOUVENIRS == plus que Tailhade ne fut la victime de la séduction qu'offre à un esprit fougueux l’éclat verbal de la cataralogie.Son cœur était tendre mais sa lyre emportée. Il était cependant un seigneurs des lettres.Cette aristocratie apparaît dès le premier poème de ce recueil. Vers l’infini: elle s'y exprime librement,avec un peu de faste et d’orgueil. La vie ne s’est pas encore chargée de rompre ces ailes. Il y a dans les poèmes qui suivent beaucoup de cette tendresse qui était le fond même de l'âme de Tailhade. Le trait s’aiguise que plus tard. Ce monde des lettres où l'intelligence est au service de la méchanceté,nous formera un nouveau Tailhade qui apparaît dès Villanelle : la noblesse de sa nature, exaspérée par tant de malfaisance et de lâcheté, a des colères quasi féminines,s’exprime par le sarcasme. Tout le Paris d’alors défile dans ces poèmes impromptus.Mais voyez la Supplique,d'un charme truculent, voyez ces confessions inattendues,ces retours du poète sur lui-même:

J’ai dégainé mon estramaçon de Tolède, Contre plusieurs moulins je me suis escrimé...

C'est un poème de quintessence, où Tailhade tout entier nous apparaît. Il était un peu don Quichotte,et il savait mieux que personne, pour avoir lu et relu dans leur texte les aventures du chevalier,que rien n'est plus noble ni