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Bourgeois cossu, paisible et de mœurs douillettes, il aime les soldats. Il rythme la mesure à l’escadron en marche. C’est une bonne d’enfant — une sorte de Germinie Lacerteux, bafouilleuse et militaire. Il s’attendrit sur l’uniforme. « Tambours, clairons, musique en tête », il suit le régiment et dégaine avec héroïsme un sabre de bois. Coppée, lui, adore les officiers, les panaches, les bourreaux galonnés qu’il sait capables d’égorger, un beau matin, quiconque pense avec hauteur.

Les sympathies de Déroulède vont de préférence aux troubades, aux pousse-cailloux, aux culs terreux de la Grande Muette, qu’il endimanche de solécismes éperdus : car on ne saurait trop le répéter, c’est le plus bénin des hommes.

Ses vers à qui Thérésa prêtait une âme tragique au point de faire illusion sur leur néant, ses vers dépassent l’imaginable. Les Intimités, en comparaison, semblent une œuvre d’art.

Et gloire à ceux que rien n’épouvante,
Qui, tombés vainqueurs, sont morts, réjouis,
Leur perte qu’on pleure est un deuil qu’on chante,
Ô grands cœurs, ils sont l’âme d’un pays.