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carat, le lieu d’honneur pour les roturiers, la sottise et les intrigues mondaines pour les vicomtes de Saint-Cyr, imprime un caractère indélébile à quiconque l’exerça pendant un lustre ou deux. C’est à vrai dire une ascèse merveilleuse d’ignorance et de brutalité.

Vogüé en proclame les résultats :

« Par cela seul (l’Armée) nous avons chance de vivre, de continuer nous et nos enfants, se dit le peuple. »

Le peuple a bien raison, instruit, comme il fut et par les conseils de guerre où l’on canarde ses enfants, lorsque, entre deux vins, ils protestent contre la tyrannie du dernier sous-off, et par Fourmies, et par les insurgés de Milan que canardaient, hier encore, les miliciens d’Humberto, cependant que le souverain festoyait avec placidité devant son peuple expirant de famine.

Ces jolies choses plaisent aux belles mondaines, aux casernes et aux séminaires. M. de Vogüé ne l’ignore pas. Être un sot n’empêche pas qu’on soit un aigrefin. De là ce dithyrambe académique, cette courbette servile du langoureux Melchior, qui connaît à quel point sont utiles, honorifiques et rémunératoires la reptation devant le sabre, l’aplatissement devant les galonnés.