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mour et les cymbales qui, jadis, éteignirent la voix d’Orphée, accordaient leurs soupirs aux flûtes adoniques. Sur les crédences mouraient de sombres fleurs, et, des buires violettes, les narcisses, les anémones tombaient en pétales odorants. Plus bas, sur les tables aux nappes de byssus et d’amiante, les fruits, les victuailles s’entassaient : grenades voluptueuses, dattes couleur de miel et raisins d’Engaddi. Les quartiers de chevreaux flanqués de laitues vertes, les pains azymes, les gâteaux saupoudrés de sésame et les fromages, sur un lit de cumin ou de fenouil. Des esclaves aux cheveux nattés offraient, de leurs mains adolescentes, les breuvages illusoires, versaient de haut, en un jet mince, et le vin de Chiraz et les muscats plus lourds qu’aux saisons vendémiaires, apporte de Syrie l’âne robuste et gai.

C’était l’heure où, parmi les odeurs chaudes, le fumet des viandes et l’exhalaison des membres en sueur, une ivresse grandit qui fait les cœurs joyeux et la lèvre confiante. Les convives parlaient tous, d’une voix aiguë et convulsive, aux accords de la symphonie lointaine.

Près du Maitre, les Dignitaires s’étageaient, couverts de rubans, de crachats et de plaques honorifiques, cha-