Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/625

Cette page n’a pas encore été corrigée

Voilà où en était la guerre, quand Pétilius Cérialis arriva à Mayence. Dès ce moment les espérances se relevèrent. Ce général, avide de combattre, et mieux fait pour braver un ennemi que pour se tenir en garde contre lui, enflammait les soldats par l’audace de ses discours, et n’attendait que l’occasion d’en venir aux mains, bien décidé à ne pas perdre un instant. Il renvoya chez eux les hommes levés dans les Gaules, et fit annoncer aux cités que les légions suffisaient à l’empire, que les alliés pouvaient retourner aux travaux de la paix, et regarder comme finie une guerre dont les Romains prenaient sur eux le fardeau. Cet acte augmenta la soumission des Gaulois. Satisfaits de voir leur jeunesse rendue à ses foyers, ils supportèrent mieux les impôts : dédaignés, ils en étaient plus officieux. Civilis et Classicus, en apprenant la fuite de Tutor, la défaite des Trévires et les succès de l’ennemi, rassemblèrent précipitamment leurs troupes éparses, et, dans leur effroi, ils dépêchèrent courrier sur courrier à Valentinus, pour l’avertir de ne pas risquer d’affaire décisive. Cérialis ne s’en hâta que plus : il envoie des officiers chez les Médiomatriques, avec ordre de diriger les légions contre l’ennemi par le chemin le plus court ; il réunit ce qu’il avait de soldats à Mayence et ce que lui-même en avait amené, et en trois marches il arrive à Rigodulum48. Valentinus occupait avec un corps nombreux de Trévires ce poste, que fermaient des montagnes et la rivière de Moselle, et qu’il avait encore fortifié par des fossés et des amas de pierres. Ces remparts n’effrayèrent point le général romain ; il ordonne à l’infanterie de s’ouvrir passage, et à la cavalerie de s’élever en bataille sur la hauteur ; plein de mépris pour des bandes ramassées au hasard, et qui ne devaient pas être si fortes de leur position que les siens ne le fussent encore plus de leur courage. On eut quelque peine à monter, tant qu’on marcha sous les traits de l’ennemi ; dès qu’on se fut joint, les rebelles roulèrent abattus et précipités. Une partie des cavaliers, qui avait tourné la montagne par des pentes plus douces, fit prisonniers les principaux Belges et avec eux leur chef Valentinus.

48. A deux lieues de Trèves environ.

72

Cérialis