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Außi bien tes cris & tes plaintes,
Qui peuvent le ciel esmouvoir,
La mort n’a point d’yeux pour les voirs,
Bien que certaine en ses asseintes,
Et qu’elle desface en effect
Tout ce que la Nature a fait,
Elle a bien peu m’ostant la vie
Esteindre mon œil & mon jour :
Mais non pas cest extreme amour
Naissant des beaux yeux d’Uranie,
Leur feu dont mon cœur füt atteint,
Par la mort ne peut estre esteint.
J’en conservay tousjours la flamme
Si visve en l’extreme accident,
Qu’elle seule ores va guidant,
Les pas incertains de mon ame,
Et dans mon eternelle nuict
Son rayon par tout me conduit,
Le temps qui toute chose emporte,
À peu mes saisons limiter :
Mais non pas le cours arrester
D’un, Amour si constante & fortes
Car l’effet d’une Deïté
Par le temps n’est point limité.
J’estois desjà sur le rivage
De ce fleuve à neuf plis retorts,
Et desjà mon ombre sans coups
S’en alloit franchir ce passage,
Passage qu’on doit traverser
Sans espoir de le repasser,
Lors que ta douleur nompareille,
Frappant de cris, l’air & les Cieux,
Vint d’un seul coup en ses bas lieux,