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V.
Or me voila rovenuë,
Pauvre, laide, maigre, & nuë,
N’ayant ny cheveux ny dent,
Et ce qui me met en peine,
Peut-etre la pançe plaine,
Soufflez ce n’est que du vent.
T.
Et moy bien-tost vieille & laide,
Mais c’est un mal sans remede,
C’est tout ce que j’ay vescu ;
Voilà la grande Perrette,
Je suis d’advis qu’on luy mette
Une marjolaine au cul.


L’ombre d’un Amant à sa
Maistresse.

Uranie en son list couchee,
Ses yeux au lieu de sommeiller,
Baignoit de pleurs son oreiller,
Estant de deuil si fort touchee,
Qu’il sembloit qu’en la seule mort
Son mal peut trouver reconfor.
La nuict plus que jamais obscure,
Ne semoit point d’Astre les Cieux,
Quand du clair Astre de ses yeux,
Elle vit l’ombre & la figure
Qui par son beau nom l’appella,
Et de ces mots la consola.
Cesse tes pleurs belle Uranie,
Ne va plus troublant tes esprits
De tant de souspirs & de cris,
Qui rendront ta beauté ternie :
Beauté qui comme un clair flambeau
M’esclaire encor dans le tombeau.