Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je n’ay point veu de vers François monosyllabes à la fin si ce n’est qu’on en pourroit faire infinis, & fort aysément : veu qu’au cinquiesme livre, attribué à l’inimitable Rabelais, il y a bien des proses de Fredon, qui ne respondoit que par monosyllabes. De ces responses j’ay mis en vers ce peu qui s’enfuyt, pour exemple,

Frere voudriez-vous bien,
Sans vous forcer de rien,
Ny estre destourné
De vostre long disné,
Respondre à mes propos ?
Ouy. Quel est l’Abbé ? gros.
Et où demeure-il ? loing
Le victes-vous onc ? point.
Où est le Prieur ? près.
Quels sont ces moines ? rés.
Où est le Prieur ? prés.
Quels sont ces moines ? rés.
Estudiez-vous ? rien.
Comment vous portez ? bien.
Qu’avez-vous souvent ? faim.
Et que mangez-vous ? pain.
Quel est nostre pain ? bis.
Quels sont vos habits ? gris.
Qu’aymez-vous hyuer ? feu.
Quand priez-vous Dieu ? peu.
Qu’avez vous souvent ? bœuf.
Et les vendredis ? œufs.
Combien en avez ? dix.
Qu’avez-vous encor ? ris.
Et avoy rien encor ? poix.
Et en Caresme ? noix.