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MONOSYLLABES.


Mon Cœur, mon heur, tout mon grand bien,
À qui je suis tien plus que miens
Pres quoy je ne voy sous les cieux
Rien de plus beau, cher à mes yeux,
Mon cœur que seul fais que je suis,
Qui fais qu’en un grand heur je vis,
Mon cœur qui Dieu pour mon bien fit,
Mais de qui le nom ne se dit
Fors que tu es mon cœur, mon heur.
Et je suis le soin de ton cœur.
Le cœur au soin, se tient si fort
Qu’il n’en est mis hors que par mort :
Et moy si bien je suis à toy,
Que ne peux voir la mort sans moy :
Sans toy, mon cœur, rien je ne peux,
Sans moy, ton soin, rien tu ne veux.
À toy, mon cœur, je suis ton sein,
Si bien fait un & tant bien joinct.
Que pas il n’est en ces grands Dieux
Que de cest un en soit fait deux.
Et bien que par mort, qui pert tout,
Soient nos beaux jours mis à leur bout,
Pour sa fin voir tu ne peut point
C’est un qui de long-temps nous joint :
Car tant que voyent le jour tes yeux
Je ne meurs point, car je ne peux :
Et si tu meurs, tu es sans moy,
Qui ne suis vif fors que par toy :
Ce qu’est en moy est du tout tien,
Si ce n’est toy, je ne suis rien,