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LA PREUD’HOMIE DES
LABOUREURS.


AUtresfois on nommoit Laboureurs bonnes gens,
Maintenant ils sont fiers, felons & refractaires,
À plaider, refuser, parjurer diligens,
Quand le Seigneur leur dit pour ses droits necessaires,
DA.
Puis quand ils ont à tort & sans raison
Fait despendre au Seigneur cent escus à plaider,
En luy portant six œuf, ou un mēschant oyson,
Faisant les marmiteux ils viennent demander.
PACEM.
Si le Curé demande un double à la Toussaincts,
En se mocquant de luy, par argument subtil,
Sur l’Edict, d’Orleans feront nouueaux desseins,
Et luy diront tout haut, Comment vous en faut-il
DOMINE ?
Si le pauvre Seigneur pour payer sa rançon
Veut s’ayder de son bois, on luy empeschera,
Criant, Nous y avons nostre usage & paisson,
Qu’il se recouvre ailleurs point il n’y touchera
IN DIEBUS NOSTRIS.
Ils n’ont que trop d’argent pour Juges & Procureurs,
Pour boire & pour joüer : Mais si un marchand croit
Du drap ou de l’argent à ces bons laboureurs,
Il n’ont qu’un plat de bois le marchant pert son droit,
QUIA NON EST.
Accusez hardiment le larron de vos fruits,
Pour en faire rapport le messier soit tout prest
Vous perdrez vostre cause, ils sont si bien instruits
A estre faux tesmoings, qu’on trouvera que c’est