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Je compare vos doigts à des compositoires
Les palmes de vos mains semblent des décrotoires,
Les mesmes bras croisez ne ressemblent pas mal
Au gros peigne qui pend à la queue d’un cheval.

8.
La coiffe que portez sur vostre teste sotte

Ressemble d’un mouton une sale pansotte,
Les crins qui sont dessus imitent proprement
Le poil qui pend au cul d’une vieille jument.

9.
Les pas que vous tappez quand dancez en la ruë

Font bruit comme les pieds d’une vache qui ruë,
Et quand sautez devant tout un peuple assemblé,
Retombez lourdement comme un gros sac de blé.

10.
Vostre voix rugissant est la voix d’une anesse,

Comme la rouë d’un char ou n’y a point de gresse,
Moy ne pouvant souffrir discords si violens,
J’en romps quasi mon Luth, & en grince les dents.

11.
Pour forger vostre esprit, des infernaux la troupe

Dedans vostre cerveau mit un fardeau d’estoupe,
Außi vous jargonnez tout ainsi qu’un oyson,
Et en vos sots propos n’y a point de raison.

12.
Malheureux qui surpris, ou par inadvertance

Sera contrainct de voir la forte contenance,
En la sou des pourceaux ny es retraicts encor
On ne sçauroit trouver rien qui soit de si ord.

13.
Toutesfois escoutez, encor que soyez laide,

Si douce vous donnez aux requerant de l’aide,