Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/205

Cette page n’a pas encore été corrigée

M. dix mille, du mot μύριοι.

Les Latins & François modernes ont aussi choisi les lettres numerales : encore que je n’ignore point que tous les sçavans sont en ceste opinion, que ce sont depravations des anciens nombres, comme je deduiray au 2. liv. chap. des Nombres, fort amplement,

I, un, parce qu’il n’y a qu’un trait,

V, cinq, antique, quia quinta vocalium.

X, dix, pource que ce sont deux V, de l’un desquels l’angle est sur un autre renversé.

L, cinquante, moitié d’un C, que les anciens peignoient ainsi c.

C, cent, pource que cent commence par ceste lettre.

M, mille, car M, est la premiere lettre.

Quelques autres y ont adjousté D. pour cinq cents, mais il n’est pas reçeu de plusieurs.

De ces premieres lettres numerales, les anciens Grecs colligeoient lequel des deux combattans devoit vaincre : & estimoient que celuy qui avoit en son nom plus haut nombre, devoir estre victorieux, Ce que tesmoigne appertement ce vers de Maurus Terentianus, & dit que par cela, on cogneut que Hector devoit tuer Patrocle, & Achilles tuër Hector :

Et nomina tradunt ita literis peracta,
Hæc ut numeris pluribus illa sint minoris,
Quandoque subibunt dubiæ per cula pugna
Major numerus qua steterit, fauere palmam,
Præsagia lethi minima patere summa.
Sic Patroclem olim Hectorea manu perisse,
Sic Hectora tradunt cecidisse mox Achilli.

Si tu peux prendre la peine de supputer les lettres Grecques desdits noms, tu trouveras que Ἀχιλεύς a en son nom selon ce que dessus escrit, 1501. au lieu que Hector n’a