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seuls. S’ils entendoient le jargon, & estoient en appétit, je m’en rapporte, mais garde le mouton qui est en la botte, le bouton qui est en la motte.

Capitan Spercula disoit, pour vanter ses actes généreux : J’ay veu que je soulois deffendre à la bresche tout moüillé : au lieu qu’il devoit dire, J’ay veu que je foulois des cendres à la mesche tout broüillé.

Un autre furieux soldat disoit, qu’il avoit veu un coq sur une rave bersee d’un poulet, au lieu de dire, Un roch sur une cave persé d’un boulet.

J’ay ouy dire autrefois de ces ministres ensouphrez, qui portoient des herbes encharboutes,

Un sinistre masle a un pigne salle.
Un Ministre sale a un signe pale.

Quelqu’un disoit un jour à un jeune desbauché, qui suivoit un escornifleur, lequel l’invitant à boire, luy disoit tousjours ; Monsieur tendez vostre verre : si vous continuëz vostre vie, celuy qui vous dit, Tendez vostre verre, vous dira enfin : Vendez vostre terre.

Un autre voyant passer un maquereau, pour le dépeindre, disoit ainsi,

Ce nez long a fendu une villette, & a pris le bon à la cour, Pour dire,

Ce Lenon a vendu une fillette, & a pris le con à la bourse.

En un banquet, auquel y avoit une Nonain qui beuvoit d’autant, & près d’elle un nain qui se despeschoit de mascher : un bon compagnon racontra ainsi, Voyez la bonne noire, & un pain de bonne nature, c’est à dire, Voyez la nonne boire, & un nain de bonne pasture.

Et l’autre, qui voyoit manger une brouette, respondit, pour dire, Je voy naistre une poire, pour dire : Je voy paistre une noire.

Le seigneur de Pinseval, faisant les loüanges de sa rude