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dent, Le grand Diable m’emporte, si j’en ay prins que par raison, mais pour tout cela disent qu’ils ne desrobent rien, car on leur donne.

Cela me fait souvenir d’un certain Regent de Paris, qui parlant de Carmes de Despautere, où il avoit fait son cours beaucoup de fois, disoit que la meilleure leçon qu’il eut jamais pratiquer audit Despautere estoit Hic dat or. Je croy qu’il entendoit de ses landis, quand il recevoit de l’or.

Continuant nos plaisantes Rencontres equivocantes je te veux faire un conte, dont m’a fait part un personnage de ma cognoissance : Un certain Frere Cordelier, du pays Chartrain, homme de bonne compagnie, & facecieux au possible, estant à un festin, disoit le mot, & bien aspre aux pots, je pensois dire à propos, semper hic erro. Apres avoir bien ry & gaussé, on luy demanda s’il s’en vouloit retourner si tost, & s’il avoit si haste, II respondit. On m’a osté ma monture en chemin, & aurois bon besoin d’estre remonté par quelques unes de mes bonnes dames du bout d’enhaut. Si on se prit à rire, je vous le laisse à penser, Ha ! mais dira quelque naquemousche, cela me scandalira bien fort, un Cordelier, un moine ? dira cela ? bon. Mais pour responce, je vous dy & vous declare, qu’un Cordelier est un homme, qui boit du bon, comme un autre homme. Il ne se trouvera point qu’il luy soit defendu de rire par sa reigle. Mais passons plus avant.

Tu as peu voir le conte de l’Allemant rapporté par l’autheur, fol.73, mais le patois est gentil, à qui le peut naysvement exprimer, selon la prolation alemanique, Car aucuns qui font valoir la glose mieux que le texte, disent que l’ambassade allemant, cogneu du pape pour un plaisant Robin se presentant à la Saincteté, dit en