Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mesme façon, dont aucuns seroient desagreables & fascheux, autres seroient bien a propos rencontrez, Donat en a voulu faire une enumeration, par certain ordre : mais à fin de les eviter, comme un grand vice de parler. Toutesfois si cela en propos commun eschape, & que par une soudaine & inopinée response, un mot ambigu soit relevé & retorqué contre celuy qui le profere, je trouve que cela à tres-bonne grace, & tant s’en faut qu’on le doive attribuer à vice, que cela me semble fort elegant, & au pis aller, facecieux infiniment, & propre à rire. Comme si dessus il y a des exemples à suffisance outre lesquels il s’en fait aussi souvent par la transposition des mots : comme un Advocat qui disoit en plaidant, il est question d’un char, Messieurs de foing. Et autres infinis.

Si la copie ne couroit par tout de deux Epistres d’un Gentil-homme à une Damoiselle, & d’elle à luy, qui sont de semblable façon, je les eusses icy inserées, mais il n’y a si petit Imprimeur & Portepapier, qui n’en face tous les ans. Toutesfois afin que l’on ne die que je l’ay publié en voicy un sommaire exemple, selon que proprement il m’est venu en la memoire.

Epistre d’un Gentil-homme à une
Merdoiselle.


AYant eu la commodité, Madamoiselle depuis huict jours, de vous voir en une dance, Madamoiselle publique, j’ay esté soudain surpris d’une passion, Madamoiselle amoureuse, qui me rend quasi tout hors de moy, & mon ame du tout, Madamoiselle esgarée. De sorte que si n’avez du moins quelque volonté,