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Une defenderesse en action d’injures, pour avoir appellé une femme, putain, fue condamnée par sentence, confirmée par Arrest de declarer en presence de la partie, qu’elle declaroit l’avoir appellée putain : dont elle se repentoit, & la tenoit pour femme de bien, chaste, & pudiuee. Quand ce vint à l’execution de cest Arrest, par devant le commis : elle dit : il est vray, je l’ay dit : je la tiens & repute pour femme de bien, je m’en desdy, j’ay menty je la tiens pour chatte & publique, Surquoy la partie injuriée de rechef, voulut insister à autre reparation plus claire. Mais il n’en fut autre chose, pource que la grace de la responce fut telle, qu’il sembloit à l’ouyr parler qu’elle parlast nettement & de cœur, comme je croy quelle faisoit.

Une femme en absence de son mary ayant fait venir de nuit un Prestre, pour la garder des esprits, & coucher avec elle, comme ils tabutoient : & renvoient le Diable en Enfer, un jeune enfant, aagé d’environ quatre ans & demy, qui estoit dans le mesme lit, s’esveilla, & voyant ce Prestre, demanda à sa mere, qui c’estoit : La mere qui sçavoit bien que le pere ne faudroit à sa venuë de l’interroger, & que l’enfant ne faudroit de le declarer, elle luy fit entendre que c’estoit Dieu. Le pere estant de retour, & demandant à cet enfant, qui avoit couché, avec sa mere, il respondit, que personne n’y avoit couché, sino Dieu & luy, Qui fut cause que pour l’heure le fait fut secret : mais un mois apres, comme il advint que ce Prestre marchoit devant la boutique de ce marchand : cest enfant l’ayant bien regardé, & se tournant vers son pere, luy dit, Voy-là Dieu, qui a couché avec ma mere. Voyla comment le pot aux roses fut descouvert.

Il n’y a point de doute, que qui se voudroit peiner en Latin & en François, on en trouveroit cent mille