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Soliciteur, qu’il ne pourroit rapporter ce sac, s’il ne voyoit la principale piece qui defalloit au sac. Dont le Solliciteur tout estonné, apres avoir bien diligemment revisité l’inventaire, se plaignoit au Procureur, que l’Advocat n’avoit pas bien veu les pieces de son maistre. Mais le Procureur entendant leur textes sans gloses, luy dit que l’Advocat entendoit par la principale piece, l’escu, sans lequel son Advocat estoit en danger d’estre muet.

L’imprimeur Bourguignon fit une fois gageure, à peine de ne boire vin de trois ans, & que s’il en beuvoit, il payeroit deux escus. Advint qu’il gaigna, & neantmoins le jour mesme ne laissa de boire du vin, comme auparavant de sorte qu’on luy vouloit faire payer la peine : Mais il s’en exempta tres-bien : car il dit qu’il ne boiroit du vin qui fut de trois ans, qu’on dit trois fueilles : mais se contenteroit d’un bon vin nouveau, de deux ans au plus. Et avoit raison : car l’un & l’autre estoit meilleur que celuy de crois fueilles, & ainsi entendoit il boire du vin de trois ans.

La Dame de Grabec voyant un Officier du Roy, qui avoit mis tout son bien en l’achapt de son Estat, l’avoit fait si bien valoir en trois ans, qu’il ne devoit plus gueres de reste. Elle souloit dire, qu’untel s’acquitoit bien de son estat. Dont aucuns estonnez, disoient qu’il ne le pouvoient croire, d’autant qu’ils pensoient qu’elle voulust dire, qu’il faisoit bien sa charge.

Un Soliciteur disoit à une jeune Damoiselle. Quand il vous plaira, je vous communiqueray privément toutes mes pieces. Et moy les miennes respondit elle. Estoit-ce pas pour se mettre d’accord sans plaider ?

Le Roy Henry estant en grand soucy pour sçavoir qui est-ce qu’il pourroit envoyer devant Bologne, que