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s’estoit des billards, non pas tels qu’il les demandoit ; dont ces pauvres billardiers furent aussi peneux, que fondeurs de cloches.

Mais frere Sanson Cordelier n’avoit-il pas bonne grace, qui reprochoit aux portiers de Dijon, avec grande exclamation, qu’ils faisoient mauvaise garde ; d’autant qu’on l’avoit destroussé pres de leurs barrieres, sans que jamais personne s’en fust donné garde, ny dit mot à ceux qui faisoient tels actes. Dequoy les plus furieux irritez, prenans leurs harquebuzes vouloient courir apres ces destrousseurs : quand on s’apperçeut que c’estoit un vigneron, qui luy avoit destroussé sa robbe qu’il portoit retroussee, par les champs.

Il y a plusieurs Provinces où l’on appelle un vaisseau contenant le quart d’une queuë de vin une Fillette. Or advint en l’une d’iselles, qu’un homme de longue robbe, reprochant à un autre qu’on avoit veu entrer des filles en la maison. On luy respondit sans songer : Si les filles y sont entrées, elles en sont sorties. Mais on a veu chez vous entrer des fillettes, qui y sont demeurées sans en sortir. De quoy tout confus ce preneur de fillettes, ne reprocha onc plus les filles a son compagnon.

Les gens du College de Boncourt à Paris ont ce serment, Que jamais ne se mettent à table, que le principal ne soit venu : mais ils entendent par ce mot de Principal, le vin & non pas le principal du College. Car sans le vin ils ne pourroient disner à l’aise, & si seroient bien sans le Principal.

Un Advocat qui abhorroit les trop grands faiseurs de reverences, pource qu’il disoit que c’estoit autant d’argent contant, ayans veu diligemnment : un gros sac, qu’un porte-espee à la moderne luy avoit mis en main, pour en faire rapport, craignant la morte paye, dit au