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rencontrer l’Advocat, & luy dit qu’ils s’estonnoit comme il avoit allegué ce proverbe de S. Ambroise que jamais n’en avoit fait mention. L’Advocat asseurement fit response, qu’il n’avoit rien alleguer qui ne fut veritable. Cest Abbé estonné de ceste asseurance, quoy qu’il fut tres-docte, & des plus deligens Theologiens, n’osa pour l’heure repliquer : mais s’en va en son Abbaye, où il fit regarder à dix ou douze des plus advancez de ses Religieux, les œuvres de Saint Ambroise : en fin, apres s’estre longuement rompu la teste, veu tous les indices, & bien fueilleté, retourna devers cest Advocat contre lequel il gaigna vingt escus, que ce proverbe n’estoit aucunement dans sainct Ambroise. En fin l’Advocat luy monstra ce passage, authentiquement imprimé avec Comptes de Bonaventure des Periers, où il allegue Sainct Ambroise, non pas ce sçavant & Chrestien Docteur de l’Église, mais un Abbé de sainct Ambroise nommé Colin, qu’on souloit surnommer à la Cour, de Sainct Ambroise, Qui fut cause que l’Abbé perdit sa gageure & depuis furent grands amis l’Advocat & luy, à la charge qu’on n’allegueroit plus contre luy ce Sainct Ambroise là.

Beaucoup de gens aussi furent merveilleusement scandalisez de ce mesme Abbé, pource qu’on fit bruit qu’à son retour de Rome il avoit donné deux poullains à une Damoiselle. Mais a chasteté ne laissa pas de demeurer en bonne reputation : car on sçeut au vray que tels poulains n’estoient pas des tiercelets de verole : mais que c’estoient deux beaux jeunes poulains du haras de l’Abbaye, dont c’est Abbé estoit assez liberal, envers plusieurs qui n’en demandoient pas, & envers d’autres aussi qui prenoient bien la peine d’en demander.

Le magnifique Megret discourant un jour avec