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huictaine. Et cependant fit mettre ce bon vieil Advocat au siege de Baillifs, & dit que pour sa caducité la Cour le dispensoit de plus plaider,

Quelques fois sur tels entends-trois on rencontre bien. Comme par un Augure que prie Auguste lors qu’il estoit en volonté de s’emparer de l’Empire, & de chasser Lepidus & Antonius, ses deux Collegues au Triumvirat, d’un asne que conduisoit un paysant fort pres de luy, auquel Auguste demande son nom. Qui luy dit, qu’il s’appelloit Eutyche, c’est à dire, bien fortuné. Puis encor Auguste demanda le nom de l’asne (car notez que les asnes en ce temps-là avoient des noms, aussi bien qu’aujourd’huy.) À quoy ce paysant respondit, qu’il avoit nom Nicos, c’est à dire victorieux. Dont il print asseurance, que bien fortuné, il seroit victorieux sur ses compagnons. Ce qui advint.

Le semblable succeda à Paule Æmile, esleu chef de l’armée Romaine contre Perse Roy de Macedoine. Car comme il retournoit de l’assemblée du Senat, il rencontra sa petite fille, qui pleuroit, & luy dit, M’amie, de quoy plorez-vous ? Lors l’enfant respondit, Perse est morte, mon pere ; Entendant par ce nom, une petite chienne, ainsi nommée. Ce que le pere prit pour bon augure contre le Roy Perses, lequel depuis il vainquit.

L’on lit le mesme de Vespasian, qui priant seul en un Temple, afin qu’il peust sçavoir qu’elle seroit sa fortune, se retournant à l’improviste, apperçeut derriere luy un sien serviteur, qu’il avoit laissé malade en la maison, nommé Basilide, dont il prit esperance de quelque Royaume ou Empire. Et de fait, contre l’attente de tous, devint & fut crée depuis Empereur.

Pompee vaincu par Jules Cæsar és champs Pharsaliques, n’eut pas si heureux prognostiqué les susdicts