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rothegnie & art metalique, & dit, Que les compagnons d’iceluy ayans longtemps soufflé, sans aucune apparence de profit, demanderent au Diable conseil s’il faisoient bien, s’ils en viendroient à bout. Il fit responce en un mot, Travaillez. Les soufflans bien aises continuërent : & soufflerent si bien, qu’ils multiplierent tour en rien, comme dit du Bellay, & souffleroient encores n’euft esté que Constantin leur remonstra l’ambignité de la responce du Diable, & que ce mot, Travaillez, vouloit dire qu’il falloit quitter l’alchemie, & s’employer au travail de quelque honneste exercice de quelque bonne science, pour y gaigner sa vie : & que s’estoit pure folie de penser faire l’or en si peu de temps, que Nature a grand peine peut transformer en mille ans.

Ce suivant est tiré d’Esope, en la vie d’Alexandre le Grand, livre non encore imprimné, que je sçache. Il dit donc que Alexandre, desirant sçavoir ceux qui avoient tué Darius ; disoit, Je suis bien joyeux d’avoir subjugué un si grand ennemy que Darius, combien que je n’aye fait moy-mesme l’execution, mais j’ay bonne envie de rendre graces condignes à ceux qui m’ont fait parroistre par ce moyen leur bonne volonté, les priant de ce declarer : car je jure & proteste par la majesté de mes pere & mere, que je les efleueray & rendray sublimes & tres-cognus. Ce qu’entendu, Bezales & Ariobarzanes se vindrent presenter à Alexandre, & declarans que s’estoient eux qui avoient fait ce coup, demanderent le guerdon, suyvant la promesse. Sur ce Alexandre les fait empoigner ; & ordonna qu’ils fussent pendus en un lieu fort eminent. Ce qui fut contre l’esperance de tous, Et toutesfois il souloit dire qu’il n’avoit point faussé sa foy : pource que, selon ton dire, il les avoit rendus